dimanche 5 mai 2024

Homélie du dimanche 05 mai 2024 – 06 TP

      Frères et Sœurs, au fur et à mesure que nous avançons en ces semaines pascales, nous nous émerveillons toujours un peu plus de cet immense amour de Dieu pour nous. Et ce 6e dimanche pascal nous ramène à l’essentiel en nous rappelant le commandement « capital » de l’amour…   

     Un commandement se situe toujours entre un mal moral, dont il veut nous éloigner, et une vertu, qu’il veut susciter en nos cœurs. Posons nous 3 questions ce matin !  

             Comment vivre cet amour que Jésus nous offre ?  

             Quels sont nos manquements à l’amour ?   

             Et quels sont les fruits de l’amour dans notre vie ?  

     Comme ce fut le cas pour les disciples, la contemplation du Crucifié nous porte spontanément à imiter Jésus. Bien plus, la foi qui jaillit de notre regard vers le Crucifié nous permet de recevoir l’amour surnaturel – la charité – qui est le don suprême.  

Alors comment vivre cet amour que Jésus nous offre ? En contemplant l’amour de Jésus pour nous ! Contemplons l’amour de Jésus pour les disciples encore préoccupés d’eux mêmes, plein de doutes, d’orgueil, qui comprennent si tard quel est celui qui les a appelés et lui font défaut à l’heure décisive ; Contemplons l’amour de Jésus pour les pauvres accablés de douleur à la recherche d’un salut physique avant tout ; Contemplons l’amour de Jésus pour les pécheurs si éloignés de la pureté de son cœur ; Contemplons l’amour de Jésus pour ses ennemis qui lui tendaient des pièges et ses bourreaux qui l’ont fait périr…   

     Pour les disciples de l’Église primitive, cette parole du Maître : « Aimez vous les uns les autres, comme je vous ai aimés », était chargée de toute l’émotion de la Passion encore récente. 

     Pour être saisi par ce mystère, nous devons écouter le Cœur du Christ nous révéler son amour pour les hommes, comme les disciples au Cénacle. Jésus veut révéler à ses amis la fournaise ardente qui le brûle de l’intérieur, et répandre ce feu dans nos cœurs. Un auteur spirituel du XXe siècle, Gaston Courtois, l’exprime magnifiquement dans une prière dans laquelle il fait parler le Christ lui-même : 

Travaille par ton exemple, par ta parole, par tes écrits à mettre de plus en plus de charité dans le cœur des hommes. Il faut continuellement prendre cela comme objectif de tes prières, de tes sacrifices, de tes activités. J’attends le monde… J’attends le monde pour le guérir, pour le purifier, pour le déterger et rétablir en lui la vraie notion des valeurs… Mais il me faut des aides et c’est pourquoi J’ai besoin de toi… J’ai besoin de contemplatifs qui unissent leurs appels à ma prière pour obtenir les missionnaires et les éducateurs spirituels dont le monde a soif inconsciemment… J’attends que le monde accepte de me rejoindre,… qu’il unisse les souffrances inséparables de sa condition humaine à celles que J’ai endurées en son nom pendant mon séjour terrestre et surtout pendant ma Passion. J’attends qu’il unisse sa prière à la mienne, son amour à mon Amour. J’attends le monde.  

     Puissions nous, frères et sœurs, faire connaître, patiemment et humblement, chacun à notre mesure, l’immense fournaise qu’est l’amour de Jésus pour les hommes

L’amour de Jésus pour nous est souvent bien différent de celui que nous lui rendons et dont nous aimons les autres. C’est pourquoi il est important de se souvenir que le commandement de Jésus n’est pas simplement d’aimer mais d’aimer comme lui. Car seul Dieu sait aimer et peut donner la mesure du véritable amour. Il est particulièrement important de s’en souvenir avec humilité à notre époque où le concept d’amour est utilisé abusivement pour signifier toutes sortes d’attachements. Dans le couple, dans les relations filiales, on parle d’amour dès qu’il y a attraction et volonté d’accaparement. 

     On croit aimer car on ne peut pas se passer d’une présence pour ce quelle comble de vide et de besoins primaires en nous. On dit aimer les autres lorsqu’on les trouve sympathiques, que leur présence nous divertit, nous flatte ou nous est utile. En réalité, nous ne savons pas aimer par nous-mêmes, nous devons l’apprendre d’un autre…, de Dieu !   Jésus nous dit ce qu’est l’amour en une phrase : donner sa vie pour ceux qu’on aime.  

     Dans le texte grec, il s’agit même de donner son âme, son être profond. À première vue, nous pourrions croire que cela ne nous concerne pas et s’applique seulement à Lui, Jésus, qui est mort pour nous. De temps à autre, l’actualité nous rappelle que ce choix peut brutalement se présenter dans une vie ordinaire et nous voyons des hommes et des femmes mourir concrètement pour d’autres. Mais pour nous ? Donner sa vie est pourtant l’appel de tous, chaque jour. On prête à saint Vincent de Paul la phrase suivante : « La charité, cela doit faire mal ». C’est, en effet, lorsque nous renonçons à quelque chose de nous-mêmes que nous commençons à aimer.  Aussi pouvons nous interroger notre capacité à donner du temps, de l’argent, mais surtout de l’attention, non pas seulement à ceux que nous avons choisis mais à ceux que Dieu met sur notre route comme le blessé du bon samaritain

     Comment nous comportons nous vis-à-vis de notre conjoint, de nos proches, des membres de notre communauté ou de nos collègues, et des inconnus qui traversent nos journées, lorsqu’ils prennent sur notre fatigue, nous sollicitent sans cesse, nous agacent ou nous déçoivent ? À quoi sommes nous prêts à renoncer, parfois définitivement et douloureusement, pour leur bien ? Quelle est notre capacité à les accueillir avec amour, à les écouter, les estimer et les aider sincèrement fraternellement et sans jugement ? Sommes nous sincères, profonds dans nos échanges, avons-nous le souci du bien et du salut de l’autre ? Soyons honnêtes: nous essayons tous sincèrement de pratiquer l’amour du prochain, mais il s’agit trop souvent d’une « pratique », d’un effort personnel pour nous conformer à ce que notre conscience nous demande. 

     Dans quelle mesure l’amour fraternel jaillit il du fond de notre cœur parce que c’est le Christ, présent dans notre âme et la vivifiant de l’intérieur, qui aime notre prochain en nous ? Laissons nous l’Esprit Saint prendre possession de tout notre être (nos sentiments, nos pensées, nos défauts mêmes) pour que ce soit Dieu même qui porte ce fruit si précieux qu’est la charité fraternelle ? La deuxième lecture nous montre cette œuvre en saint Pierre quand l’Esprit l’amène à aimer pleinement un centurion païen et toute sa famille, malgré toutes les barrières qui les séparaient. Les saints sont pour nous des compagnons utiles car ils vivent ce mystère de l’amour fraternel dans des situations concrètes et proches de nous

     Or, que se passe-t-il lorsque nous ne vivons plus le commandement de l’amour ? Notre cœur tombe peu à peu dans les illusions de ce monde trompeur, il s’attache à des biens passagers, et va à la dérive loin de son Seigneur. De consolations superficielles en consolations égoïstes, le chemin peut mener jusqu’à une complète anémie spirituelle, et la ruine intérieure se révèle trop tard, à l’occasion d’une de ces difficultés ordinaires que la vie nous présente. 

En nous offrant le commandement de l’amour, Jésus nous invite à méditer sur cette dynamique du péché qui menace notre cœur, en vue de mieux saisir la valeur du don de Dieu. Le Christ est venu nous insérer dans son amour personnel pour le Père, voilà la boussole qui guide toute notre vie. Le pape Grégoire le Grand, si lucide en la matière, nous invite à analyser avec finesse l’action du Malin :  

«  Le démon commence par exciter contre nous un prochain moins favorisé qui s’efforce de nous enlever ces biens même auquel nous sommes attachés. Ce n’est pas que le démon soit soucieux de nous privés de ces bien de la terre, pour lui, c’est seulement le prétexte pour nous faire perdre un bien plus grand, il veut blesser la charité en nous… En cherchant à conserver des biens extérieurs, nous en perdons de bien plus grands à l’intérieur, puisqu’en accordant trop d’importance à un bien périssable, nous perdons l’amour véritable… Ainsi quand notre prochain nous fait souffrir en nous privant de biens extérieurs, soyons sur nos gardes au-dedans de nous contre le voleur caché : on ne peut mieux le vaincre qu’en aimant le voleur du dehors. La première et suprême preuve de la charité, c’est d’aimer même celui qui s’oppose à nous. C‘est pourquoi la Vérité en personne, tout en endurant le supplice de la croix, ne cesse de répandre la tendresse de son amour sur ses persécuteurs, en disant : « Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34)  

     Voilà frères et sœurs un signe infaillible de la véritable charité : l’universalité. Souvent, une barrière me sépare de tel ou tel personne, je pratique bien la charité envers tous mais à l'exception de cette personne insupportable ; reconnaître ce manquement devrait me permettre de découvrir mon manque de charité surnaturelle… Notre vie chrétienne est dominée par une loi étrange : plus la charité grandit en nous par l'action de l'Esprit Saint, et plus nous prenons conscience de notre manque de charité ; plus les blessures à la charité nous scandalisent ; plus nous ressentons la misère de notre cœur… Il ne nous reste qu'à supplier le Christ, qui nous accompagne sur ce chemin d'humilité : Il ne veut pas nous noyer dans notre néant, mais simplement établir en nous la véritable charité, qui exige ce travail de purification assez douloureux, mais qui produit du fruit, un fruit « qui demeure en vie éternelle ». 

     Si nous vivons cette réalité de la charité fraternelle gratuitement, comme un don reçu sans mérite et offert sans égoïsme, alors nous pouvons « porter du fruit ». Voici ce que nous dit le pape François à ce sujet : « En réalité, ce fait de vivre et de demeurer dans le Christ marque tout ce que nous sommes et faisons. C‘est précisément cette « vie en Christ » qui garantit notre efficacité apostolique, la fécondité de notre service… ce qui assure le fruit, c’est le fait d’être fidèles à Jésus, qui nous dit avec insistance : « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15,4). Et nous savons bien ce que cela signifie : le contempler, l’adorer, l’embrasser dans notre rencontre quotidienne avec lui dans l’Eucharistie, dans notre vie de prière, dans nos moments d’adoration ; et aussi le reconnaître présent et l’embrasser dans les personnes les plus nécessiteuses. Le fait de demeurer avec le Christ ne signifie pas s’isoler, mais c’est demeurer pour aller à la rencontre des autres. »  

     Frères et sœurs, lorsque nous contemplons ce mystère d’amour et de fécondité dans le Christ, nous ne pouvons que désirer y grandir ; mais c’est bien au-delà de nos forces. Il nous faut donc supplier humblement, frapper à la porte de la Miséricorde divine sans nous lasser car le Seigneur ne se lasse jamais de nous faire du bien….             AMEN. 

lundi 29 avril 2024

lundi 8 avril 2024

Solennité de l’Annonciation – 08 avril 2024 - Is 7,10-14 ; 8,10 - Ps 39 (40) - He 10,4-10 - Lc 1,26-38

            

            Frères et sœurs, le plus important dans notre vie est de toujours savoir accueillir le don de Dieu,… Marie est « la-toute-bien-disposée », préparée au don de Dieu. Son fiat nous révèle le secret de l'accueil de la grâce. Jésus veut nous communiquer les dispositions de son cœur immaculé pour nous préparer par elle à le recevoir et à vivre d'une vie tout unie à lui, au sens où « Être chrétien ne se réduit pas à suivre des commandements, mais veut dire être en Christ, penser comme Lui, agir comme Lui, aimer comme Lui ; c'est Le laisser prendre possession de notre vie et la changer, la transformer... ». C'est pourquoi nous avons besoin de contempler la Vierge Marie dans son fiat, pour l'imiter. 

 1.      Être tout à Marie pour être tout à Dieu dans le Christ 

« Voici la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Marie a vécu son ouverture à l'Amour divin dans l'obéissance à la volonté de Dieu. Elle « se place dans cette volonté, elle insère toute son existence, à travers un grand « oui », dans la volonté de Dieu. »… 

            Marie a prononcé ce « fiat » dans la foi. Par la foi, elle s'est remise à Dieu sans réserve et « elle se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à l'œuvre de son Fils ». Et ce Fils, comme l'enseignent les Pères, elle l'a conçu en son esprit avant de le concevoir en son sein, précisément par la foi ! C'est donc à juste titre qu'Élisabeth loue Marie « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. ». 

            Sans la Vierge, le Christ n'aurait pu donner aux hommes « la vie surabondante » (Jn 10,10) qu'il est venu leur apporter parce que l'amour, pour se donner, demande à être reçu. Le Christ avait besoin d'un vis-à-vis, d'un cœur qui puisse comprendre le sien, d'une âme qui réponde à sa soif de « nous donner de l'eau vive » (Jn 4,10), une âme qui lui demande continuellement à boire, une âme qui se laisse totalement saisir et emporter par lui dans le sein du Père pour y vivre avec lui la vie éternelle. La Vierge a fait pour nous ce que nous n'étions pas capables de faire nous-mêmes ; elle « a accueilli le Verbe » (Jn 1,12) comme le Père désirait qu'il soit accueilli, et elle peut et veut nous rendre capables de l'accueillir comme elle, de devenir avec elle « un frère et une sœur et une mère » (Mt 12,50) pour le Christ. C'est ainsi qu'elle nous le donne, en nous entraînant dans son fiat, en nous rendant participant de sa foi et de son espérance. Elle, la première disciple du Christ, nous invite à courir à sa suite, « tendus de tout notre être vers le but » (Ph 3,13-14)… L'union très intime dont elle jouit avec son Fils dans le sein du Père, elle ne demande qu'à nous la partager, qu'à nous y introduire. Elle est la gardienne de la vie cachée en Dieu. C'est seulement en elle, par elle et avec elle que nous devenons capables de vivre d'une vraie vie d'enfant de Dieu avec le Christ. 

 2.    Pour entrer dans cette réalisation, il nous faut entrer et découvrir l'humilité de Marie. 

            Certes avant la venue de l'ange Gabriel, Marie connaissait et gardait dans son cœur les paroles des prophètes annonçant la venue du Messie, mais elle était loin d'imaginer que Dieu se ferait petit enfant. Elle ne connaissait pas non plus le mystère de la Trinité que l'on ne peut de toute façon comprendre humainement. Ce qui fait la grandeur de sa foi, c'est l'humilité avec laquelle elle s'est soumise à la Parole de Dieu dans une confiance aveugle. Oui, « Bienheureux ceux qui croient sans voir », sans chercher à comprendre par eux-mêmes les voies de Dieu. On peut dire que le secret de Marie, c'est son humilité, « l'humilité de la foi », l'humilité d'une intelligence qui accepte de dépendre totalement de la Parole de Dieu. Marie n'a jamais cherché à devenir une « grande dame », autonome, mais elle a aimé dépendre de Dieu, elle a aimé sa petitesse. Elle nous apprend à entrer dans le silence du cœur et de l'esprit, à lâcher prise au niveau de notre intellect, à ne pas chercher à tout maîtriser par nos calculs et nos raisonnements humains. 

            Dans l'iconographie traditionnelle, la Vierge Marie est représentée non seulement avec un livre, mais en prière, à genoux : « Marie occupe la première place parmi ces humbles et ces pauvres, les anawim du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance » (CE 489). 

            Marie nous préserve aussi d'une secrète appropriation des dons de Dieu. Nous sommes tentés sur les grâces reçues. Nous pouvons nous en glorifier d'une manière quasi imperceptible tout en proclamant que tout vient de Dieu. Marie n'a jamais cherché à se complaire en elle-même. Sa vie intime est une vie d'action de grâce. Elle trouve sa joie à se recevoir tout entière de Dieu. Elle veut nous faire entrer dans son action de grâce qui découle de l'humble reconnaissance et accueil de l'amour gratuit de Dieu. L'esprit de Marie, c'est l'esprit du Magnificat. C'est pourquoi saint Ambroise peut dire : « Que l'âme de Marie soit en chacun pour y glorifier le

            Seigneur, que l'esprit de Marie soit en chacun, pour s'y réjouir en Dieu ». C'est pourquoi saint Louis-Marie Grignion de Montfort conseille de mettre nos trésors, toutes nos grâces et vertus « dans le sein et le cœur de Marie ». Il nous faut la prendre comme gardienne « trésorière » de nos richesses spirituelles au lieu d’imaginer présomptueusement que nous ne céderons pas à la tentation de nous glorifier nous-mêmes secrètement des dons de Dieu, comme le pharisien de la parabole qui extérieurement rendait grâce à Dieu, mais intérieurement se complaisait en lui-même. Nous sommes si prompts à nous regarder en cachette servir, prier ou jeûner. Marie nous préserve de la tentation sournoise de l'orgueil spirituel. 

 3.    Enfin, Marie nous apprend le secret d'une vie libre, ouverte et large…

             « Du fait même que notre âme a été créée à l'image de Dieu », nous dit Saint Augustin, « l'âme est « capax dei » capable de Dieu par grâce », « car l'âme », poursuit-il « par nature, est capable de grâce. Nous sommes faits pour recevoir le don de Dieu et c'est là l'exercice le plus élevé et le plus intime de notre liberté : « dans le fait d'être aimée, en recevant le don de Dieu, Marie est pleinement active, car elle accueille avec une disponibilité personnelle la vague de l'amour de Dieu qui se déverse sur elle ». Notre « oui » à Dieu nous sort de nous-mêmes, de notre petite vie égoïste et nous ouvre aux merveilles de sa grâce. C'est en acceptant de recevoir de Dieu, de dépendre humblement de lui, que nous devenons vraiment libres et que notre vie peut devenir large et lumineuse. L'homme n'est véritablement grand qu'à genoux. 

             « Marie se trouve devant nous comme signe de réconfort, d'encouragement, d'espérance. Elle s'adresse à nous en disant : Aie le courage d'oser avec Dieu ! Essaie ! N'aie pas peur de Lui ! Aie le courage de risquer avec la foi ! Aie le courage de risquer avec la bonté ! Aie le courage de risquer avec le cœur pur ! Engage-toi avec Dieu, tu verras alors que c'est précisément de cette manière que ta vie deviendra large et lumineuse, non monotone mais pleine de surprises infinies, car la bonté infinie de Dieu ne se tarit jamais ! ». Par son « fiat » Marie, la Mère du Christ, nous enseigne véritablement ce que signifie entrer en communion avec le Christ,  nous laisser vraiment toucher et pénétrer par lui. Dans « l'humilité et l'obéissance de sa foi se trouve le secret d'une véritable ouverture de cœur à Dieu. Son « fiat » n'a cessé de s'approfondir comme sa communion avec Jésus. 

            Jésus est venu dans le monde par Marie et il veut continuer à venir dans nos cœurs par elle. Notre relation avec elle ne doit pas se réduire à une simple demande d'aide. Laissons-la exercer pleinement sa maternité sur nous. Qu'elle soit notre éducatrice sur le chemin de la sainteté

Demandons à Jésus la grâce de la connaître dans notre cœur et de nous laisser toucher et attirer par elle sur le chemin d'une vie d'amour toute pure, toute humble, toute ouverte à Dieu.  Amen.

 

vendredi 29 mars 2024

Homélie du Vendredi Saint – 2024 – Is 52,13-53,12 - Ps 30 - He 4,14-16;5,7-9 – Jn 18,1-19,42

      Le christianisme ne veut pas de chrétiens « raisonnables », ni de chrétiens « amateurs », le christianisme demande des « fous », des chrétiens épris de Dieu.  Oui, frères et sœurs, la sainteté est à ce prix.

 Le monde et le chrétien n’ont pas le même langage… Et nous chrétiens, nous devons adopter le langage du Christ, nous devons retrouver le sens du Christ.

     Et le sens du Christ, C’EST LA CROIX. Tout converge vers le Calvaire et l’appel du Christ nous conduit là. Et nous nous sommes mis en marche parce qu’il nous a dit de le suivre, et cela ne se raisonne pas. Quand on aime profondément quelqu’un, on est heureux d’être enseigné par lui…

      Abordons, frères et sœurs, la Passion de Jésus avec le sentiment de ne rien comprendre, la honte d’être indigne d’un tel amour, la tristesse de tout le poids de notre passé d’ « habitude » : nous sommes habitués à regarder le crucifix, depuis si longtemps… Cela nous change-t-il vraiment ? La souffrance de Jésus nous émeut-elle toujours ? Sommes-nous capables de pleurer de vraies larmes devant ce Dieu qui nous aime à la folie ?

 La Vierge Marie, elle, assiste son Fils avec une dignité exemplaire. Les évangélistes nous rapportent les paroles de Jésus à la croix. Ils n'en citent aucune de Marie. À ce moment suprême, comme toujours, la Mère se tient en retrait de son Fils. A lui appartient la parole, à elle, le silence. Debout, elle n'est qu'amour, souffrance, adoration, offrande et compassion.

      Nous avons à imiter cette dignité. Notre misère ne doit ni nous effrayer ni nous décourager. Si le Verbe de Dieu fait homme souffre à ce point pour nous, c'est que la créature humaine est une créature sans prix. Le Christ crucifié proclame tout autant notre grandeur que notre misère. Marie, très humble et très pure, nous apprend à concilier les extrêmes de notre condition pécheresse dans l'exercice de notre compassion quotidienne.

 C'est, en effet, chaque jour, que nous devons, nous tenir, en esprit, avec Marie, aux pieds de la croix. Nos « laisser-aller » sont à craindre dans notre conduite si nous n'adoptons pas ce comportement. La pression du monde qui nous entoure est très forte et tend à nous faire adopter sa manière d'agir. Lorsque l’on se tient avec la Vierge Marie aux pieds de la croix nos attitudes ne peuvent être que très différentes de celles qui sont malheureusement à la mode. Face au Christ crucifié, au côté de la Vierge, il y a des actes que l'on ne pose pas, des paroles que l'on ne prononce pas.

 La Vierge des Douleurs est là pour nous apprendre à regarder son Fils crucifié. Plus que tout autre, Marie a scruté, les abîmes insondables du mystère de la croix. 

 Les sentiments vécus par Marie au Calvaire sont au-dessus de toute parole. Il faut que notre cœur fasse silence pour écouter le sien. Alors, si Dieu le veut, notre cœur percevra des merveilles. Mieux encore, il en vivra.

 Jean et les saintes femmes ont communié aux sentiments de Marie à la Croix. Son attitude exemplaire les touche profondément. Grâce à elle, ils comprennent mieux ce que Jésus attend d'eux.

 Ces amis fidèles sont les premiers d'une lignée qui durera jusqu'à la fin des temps. La Vierge attend que nous prenions place dans cette lignée avec ferveur. Elle sait que lorsque l’on a rencontré vraiment Jésus crucifié, on ne le quitte jamais plus. 

 

    Demandons à notre Mère du ciel la lucidité de sa vision du mystère de la Croix. Qu’en nous dévoilant les beautés de l’amour de Dieu, elle nous aide à mieux nous détourner de la laideur du péché ! Que la Vierge Marie nous communique un peu de cette vive flamme compatissante qui embrasa son Cœur Immaculé !

En ce Vendredi Saint ne craignons pas de nous cacher dans la blessure du Cœur de Jésus, là nous apprendrons à découvrir les secrets de son Amour pour chacun de nous.   Amen.