Nous pouvons bien
affirmer que le vêtement de la grâce a été tissé par les mains bénies de Marie
qui, jour après jour, instant après instant, s'est donnée entièrement elle-même,
en union avec son Fils, pour notre rédemption. La tradition orale parle de la
robe sans couture que la Sainte Vierge a tissée pour Jésus ; mais pour nous,
elle a réellement fait beaucoup plus : elle
a coopéré à nous procurer le vêtement de notre salut éternel, la robe de
noces, grâce à laquelle nous serons introduits dans la salle du banquet
céleste. Comme Marie voudrait que cette robe fût impérissable ! Dès le
moment où nous l'avons reçue, Marie n'a jamais cessé de nous suivre de son
regard maternel pour protéger en nous la vie de la grâce.
Chaque fois que
nous nous tournons vers Dieu ou nous relevons d'une chute, grande ou petite,
chaque fois que nous réalisons un progrès dans la grâce, cela s'effectue par la
médiation de Marie. Le scapulaire, le petit habit que la Vierge du
Carmel nous offre, est le symbole extérieur de son Incessante sollicitude
maternelle ; symbole, mais également signe, gage du salut éternel. « Mon fils bien-aimé, disait Marie à
Saint Simon Stock, prends ce
scapulaire... Tous ceux qui en seront vêtus au moment de la mort n'iront pas au
feu éternel. La Sainte Vierge donne l'assurance de la grâce suprême de la
persévérance finale à tous ceux qui portent dignement son « petit habit ».
« Celui qui porte le scapulaire, disait
un Pontife romain, fait profession
d'appartenir à Notre-Dame » ; précisément en raison de cette appartenance, Marie
prend un soin tout spécial de nos âmes. Ce qui lui appartient ne peut se
perdre ou être touché par le feu éternel. Sa puissante intercession maternelle
lui donne le droit de répéter pour ses enfants les paroles de Jésus : «
Père Saint... j'ai gardé ceux que Vous m'avez donnés, et aucun d'eux ne s'est
perdu » (Jn 17, 12).
La dévotion à
Notre-Dame du Mont-Carmel est aussi un
puissant rappel à la vie intérieure qui est d'une manière toute spéciale,
la vie de Marie.
La Sainte Vierge
veut que nous lui ressemblions, beaucoup plus par le cœur et l'esprit que par
le vêtement extérieur. Si nous pouvions pénétrer dans l'âme de Marie, nous
pourrions voir que la grâce a produit en elle une immense richesse de vie
intérieure : vie de recueillement, vie de prière, vie de donation incessante
à Dieu, de contact continuel, vie d'union intime avec Lui. L'âme de la
Vierge Marie est un sanctuaire réservé à Dieu seul, où aucune
créature n'a jamais laissé d'empreinte, où règnent l'amour et le zèle pour la
gloire de Dieu et le salut des hommes.
Ceux qui veulent
vivre pleinement la dévotion à Notre Dame du Mont Carmel doivent suivre Marie
dans les profondeurs de sa vie intérieure. Le Carmel est le symbole de la vie
contemplative, vie toute consacrée à la recherche de Dieu, toute tendue vers
l'intimité divine ; et Marie, Regina
decor Carmeli (Reine et Beauté du Carmel), est celle qui réalise le mieux
cet idéal très élevé.
« Dans le désert régnera le droit, et la
justice résidera au Carmel. La justice produira
pour toujours la paix, le silence et la sécurité. Mon peuple habitera un
séjour de paix, des demeures protégées, des lieux sûrs de repos ». Ces
versets, tirés d'Isaïe (32, 16-18) et rapportés dans l'Office propre de
Notre-Dame du Mont-Carmel, marquent très bien l'esprit contemplatif de l’ordre
du Carmel et sont, en même temps, une belle image de l'âme de Marie, véritable
« jardin » de vertus, oasis de silence, de paix, où règnent la justice et l'équité ; oasis de sécurité, toute
enveloppée de l'ombre de Dieu, pleine de Dieu.