« Voyez-vous, Philothée, quand il était sur la croix, il est certain que le Cœur de notre cher Jésus, voyait le vôtre et l’aimait. Par cet amour, il lui obtenait tous les biens qu’il devait vous donner. »
En reprenant une citation tirée de St François de Sales dans son « Introduction à la vie dévote » (5e partie ch.13) et en cette solennité du Sacré Cœur, je vous propose, frères et sœurs, non de méditer sur le Sacré Cœur mais simplement d’ouvrir des portes d’entrées pour contempler le Cœur de Jésus, de nous ouvrir ensemble sur différents regards que nous pourrions porter sur ce Sacré Cœur. Je vous en propose neuf.
Tout d’abord, regardons ce Cœur engendré par Marie et tourné vers le Père. Préparons-nous à aborder ce sanctuaire unique qu’est le Cœur de Jésus. Qu’un silence extérieur et un recueillement intérieur puissent vraiment nous habiter… Que la Vierge Marie nous obtienne d’entendre les mélodies du Cœur de Jésus, d’être attiré par elles et de les accueillir avec foi. C’est par notre foi que nous frappons à la porte de son Coeur : « Cœur Sacré de Jésus, je crois en Toi… »
Nous pouvons aussi nous tourner vers le Cœur du Bel amour formé à Nazareth. Laissons-nous invités à rejoindre le foyer de la Sainte Famille, ce sanctuaire caché qui est un véritable buisson ardent d’amour. Comme Moïse au Sinaï, nous pouvons retirer les sandales de nos préoccupations quotidiennes, écartons toute distraction et préparons-nous à entrer dignement dans le silence profond qui unit les cœurs de Marie, Joseph et Jésus. Frappons humblement à la porte par un acte de foi et croyons qu’ils vont nous ouvrir…
Regardons aussi ce Cœur de Jésus enfoui dans l’épaisseur de notre quotidien… Nous pouvons prendre ce temps pour le Seigneur, et lui consacrer toutes nos pensées, nos désirs… Toute notre personne et notre vie. Jésus veut venir en ce jour nous révéler comment son Cœur est là dans l’épaisseur de notre quotidien qui peut parfois nous peser : apprenons à l’accueillir dans l’espérance, en lui redisant inlassablement : « Jésus, j’ai confiance en Toi ! ».
Autre regard sur le Cœur de Jésus est de voir ce Cœur brûlant d’amour pour les âmes. Approchons-nous de cette fournaise ardente qu’est le Cœur de Jésus. Il nous attend pour nous happer entièrement dans le feu de son amour. Encore une fois, laissons-nous saisir par le silence du Cœur de Marie, qui contemple attentivement les actions et le mystère de son Fils, en excluant tout préoccupation et toute distraction de notre esprit. La Charité vient habiter notre âme. Demandons en ce jour au Seigneur de nous accorder de mieux connaître son Cœur et de l’aimer toujours plus.
Nous devons aussi regarder ce Cœur de Jésus abandonné par Pierre et trahi par Judas. Que le don de ton Cœur, Seigneur, est trop grand pour notre humanité si fragile. Certains vases d’argile se brisent dès qu’ils reçoivent le Trésor… Que deviennent nos expressions d’amour lorsque vient l’épreuve ? Adorons ce Cœur abandonné et trahi par ses intimes, hier comme aujourd’hui, mais qui ne cesse de se donner totalement, sans conditions, avec un entêtement presque scandaleux.
Regardons aussi ce Cœur de Jésus broyé à Gethsémani. Seigneur, nous voulons n’avoir nos yeux que pour Toi. Tu livres le combat contre les forces du mal, tu es à nos côtés pour vaincre la mort et faire triompher la vie. Tu as prié à Gethsémani pour chacun de nous et pour moi en particulier ; tu pries devant ton Père et notre Père pour notre salut. Arrache-nous à tous ces liens qui nous retiennent loin de ton amour.
Tournons notre regard, et tout particulièrement en ce jour, vers le Cœur de Jésus transpercé sur la croix. Ta croix nous attire irrésistiblement, Seigneur et nous voulons nous diriger vers car elle est le centre de l’histoire, du monde, de notre existence. Nous voulons faire taire en nous toutes les autres réalités, pour que notre foi seule nous illumine : « Je crois en Toi, qui es mort et ressuscité ». Comment le monde pourrait-il nous distraire de ta Croix ? Comment Satan pourrait-il nous séduire pour nous en détacher ? Comment la chair pourraitelle nous retenir encore, alors que Toi, ô Coeur transpercé de Jésus, tu souffres l’indicible par amour pour nous ?
Contemplons aussi ce Cœur vivant de Jésus dont la plaie nous guérit. Au jour de sa résurrection, notre âme encore engourdie s’est éveillée à la Vie nouvelle du Christ ressuscité. Rejetons de notre vie tout ce qui nous attache encore aux ténèbres et nous détourne du Cœur de Jésus ; laissons le silence nous envahir pour préparer la rencontre avec notre Bien-Aimé. « C’est Lui…, Il vient…, Il bondit sur les montagnes, Il court sur les collines » (Ct 2,8). Prenons le temps de rester quelques minutes dans cette attente amoureuse : « Oh, oui, viens, Seigneur Jésus ! ».
Enfin, frères et sœurs, prions en ce jour le Cœur Eucharistique de Jésus. Nous voici devant Toi, Seigneur, présent dans l’Eucharistie que nous offre l’Église. Abandonnons-lui nos dissipations et notre superficialité pour nous exposer pleinement au rayonnement de son Cœur. Croyons en sa présence sur l’autel : corps, sang, âme, humanité et divinité. Nous espérons de tout notre cœur vivre un jour en totale communion avec Toi, Seigneur, dans le ciel. Coeur Sacré de Jésus, nous t’adorons ! Amen.