"Mais il plut au Seigneur de me montrer l'ange sous cette forme. Il n'était pas grand, plutôt petit, d'une grande beauté, son visage très enflammé le désignait comme des plus élevés, qui semblent tout embrasés. Il doit s'agir de ceux qu'on appelle chérubins, car ils ne me disent pas leur nom, mais je vois bien qu'au ciel il y a tant de différence entre certains anges et d'autres, et de ces autres à d'autres encore, que je ne puis rien affirmer. Je voyais dans ses mains un long dard en or, avec, au bout de la lance, me semblait-il, un peu de feu. Je croyais sentir qu'il l'enfonçait dans mon coeur à plusieurs reprises, il m'atteignait jusqu'aux entrailles, on eût dit qu'il me les arrachait en le retirant me laissant tout embrasée d'un grand amour de Dieu. La douleur était si vive que j'exhalais ces gémissements dont j'ai parlé, et la suavité de cette immense douleur est si excessive qu'on ne peut désirer qu'elle s'apaise, et que l'âme ne peut se contenter de rien de moins que de Dieu. Ça n'est pas une douleur corporelle, mais spirituelle, pourtant le corps ne manque pas d'y participer un peu, et même beaucoup. C'est un duo si tendre entre l'âme et Dieu que je le supplie d'en donner un avant-goût à ceux qui penseraient que je mens."
La transverbération (transpercement du cœur jusqu'aux entrailles) est généralement une grâce de maternité spirituelle accordée à une fondatrice, ou à quelqu'un appelé à une grande fécondité spirituelle.
Suite à la publication de la biographie de sainte Thérèse, le récit de sa transverbération a eu un large impact dans les arts et a donné lieu à de nombreuses représentations artistiques, tant en peinture qu'en sculpture.