Né à Aubin dans l’Aveyron le 2 décembre 1894, Henri Grialou entre au Carmel après son ordination sacerdotale le 4 février 1922 et reçoit le nom de Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus. Il y exerce différentes charges : Définiteur Général, Vicaire Général de l’Ordre et Provincial d’Avignon-Aquitaine. Son service auprès des carmélites l’amène à devenir Visiteur Apostolique auprès des monastères de France. Il fonda l’Institut séculier carmélitain Notre Dame de Vie, Son maître-ouvrage « Je veux voir Dieu » anticipe l’appel universel à la sainteté déployé par le concile Vatican II et développe la vie de foi dans l’union entre action et contemplation, Il entre dans la vie éternelle le 27 mars 1967.
Oraison de la messe
Office des lectures (Deuxième lecture)
Le saint dans le Christ total
C'est surtout dans leur œuvre commune que l'Esprit Saint glorifie les instruments qu'il a saisis. L'Esprit Saint se fait humble avec les saints pour les glorifier. Inspirateur de l’œuvre par sa lumière, agent efficace par sa toute-puissance, il se dissimule sous les traits humains de l'apôtre. Qui voudrait analyser les caractères de cette œuvre pourrait trouver de fait la raison d'être de chacun d'eux dans la personnalité du saint. Ces œuvres et institutions multiples dans lesquelles l'Esprit a mis son levain d'immortalité et dont se glorifie l'Église, étalent admirablement les dons, les tendances, le génie divers de leur fondateur. L'Esprit paraît en ce monde sous mille visages humains sur lesquels sa présence cachée imprime le reflet de sa puissance et de sa grâce. Cet Esprit ne se répète jamais dans les formes extérieures qu'il choisit. N'est-ce pas pour cela que saint Jean de la Croix demande qu'on ne prenne jamais un saint pour modèle. Ce serait s'exposer à manquer de souplesse, être infidèle à la motion de l'Esprit qui manifeste sa puissance et sa qualité d'Esprit dans la variété de ses œuvres et dans la perfection de son incarnation en chacun de ses instruments.
Les charmes délicats de cette collaboration affectueuse de Dieu et de l'âme, ces jeux tour à tour brillants et cachés de l'amour qui les unit, toutes ces splendeurs d'humilité et de puissance ne sont que beautés d'ici-bas, un reflet qui nous parvient de la beauté de l’œuvre que l'Esprit Saint édifie. Cette œuvre, c'est l'Épouse qui monte du désert appuyée sur son Bien-Aimé, c'est le chef-d’œuvre de la Miséricorde divine, le Christ total en qui il a réuni et vers lequel il a orienté toutes choses. Pour la beauté de cette Église de Dieu, Jésus a donné son sang, et l'Esprit continue à immoler ses victimes après les avoir chargées des dons merveilleux de sa grâce. C'est à la consommation de cette œuvre que nous sommes tous voués. C'est sur elle que nos regards doivent rester amoureusement et obstinément fixés.
Le saint n'est tel que parce qu'il est entré par l'union transformante dans le Christ total. Identifié au Christ Jésus, il continue sa prière sacerdotale d'union; avec l'Esprit d'amour il gémit dans l'attente de l'adoption et travaille sous son emprise à consommer dans l'unité tous ceux qui sont prédestinés à reproduire par ressemblance l'image du Fils.
(Je veux voir Dieu, Éditions du Carmel, Toulouse 2014, 1273-1274)