Introduction PN 25
Dans ce poème eucharistique, liturgique, Thérèse ne laisse pas l'inspiration prendre son vol. C'est une méditation au ton très sobre, axée sur les objets du culte traités comme des mots ou des images de l’Écriture. Dans la dernière strophe seulement, elle laisse éclater amour et enthousiasme.
La foi de Thérèse lui fait découvrir le moyen de réaliser ses « désirs »: « Mais je puis... » Elle n'a pas à « envier » la clef du tabernacle, la lampe, la pierre d'autel, les vases sacrés. Elle a, elle "est" incomparablement plus que ces objets inanimés. C'est comme victime, même si le mot n'est pas prononcé, que l'« épouse » s'associe au sacrifice, avec « ravissement ».
Petite Clef, oh je t'envie!
Car tu peux ouvrir chaque jour
La prison de l'Eucharistie
Où réside le Dieu d'Amour.
Mais je puis, ô quel doux miracle!
Par un seul effort de ma foi
Ouvrir aussi le tabernacle
M'y cacher près du Divin Roi...
Je voudrais dans le sanctuaire
Me consumant près de mon Dieu
Toujours briller avec mystère
Comme la Lampe du Saint Lieu....
Oh! bonheur... en moi j'ai des flammes
Et je puis gagner chaque jour
A Jésus un grand nombre d'âmes
Les embrasant de son amour...
A chaque aurore, je t'envie,
O Pierre Sacrée de l'Autel!
Comme dans l'étable bénie
Sur toi veut naître l’Éternel
Ah! daigne exaucer ma prière
Viens en mon âme, Doux Sauveur
Bien loin d'être une froide pierre
Elle est le soupir de ton Cœur!
O Corporal entouré d'anges!
Qu'il est enviable ton sort
Sur toi comme en ses humbles langes
Je vois Jésus mon seul trésor
Change mon coeur, Vierge Marie
En un Corporal pur et beau
Pour recevoir la blanche hostie,
Où se cache ton Doux Agneau.
Sainte Patène, je t'envie
Sur toi Jésus vient reposer
Oh! que sa grandeur infinie
Jusqu'à moi daigne s'abaisser
Jésus comblant mon espérance
De ma vie n'attend pas le soir
Il vient en moi; par sa présence
Je suis un vivant Ostensoir!
Oh! que j'envie l'heureux Calice
Où j'adore le Sang divin
Mais je puis au Saint Sacrifice
Le recueillir chaque matin.
Mon âme à Jésus est plus chère
Que les précieux Vases d'or
L'Autel est un nouveau Calvaire
Où pour moi son Sang coule encor...
Jésus, Vigne sainte et sacrée,
Tu le sais, ô mon Divin Roi
Je suis une grappe dorée
Qui doit disparaître pour toi
Sous le pressoir de la souffrance
Je te prouverai mon amour
Je ne veux d'autre jouissance
Que de m'immoler chaque jour.
Ah! quelle joie, je suis choisie
Parmi les grains de pur Froment
Qui pour Jésus perdent la vie
Bien grand est mon ravissement!
Je suis ton épouse chérie,
Mon Bien-Aimé, viens vivre en moi
Oh! viens, ta beauté m'a ravie
Daigne me transformer en Toi!