UN CONVERTI
Hermann Cohen naît à Hambourg, dans le nord de l’Allemagne, en 1820, au sein d’une famille juive, peu pratiquante. Très tôt, il révèle des dispositions exceptionnelles pour la musique et tout particulièrement pour le piano. C’est un pianiste étonnant qui, encore enfant, donne des concerts. À treize ans, sa mère le conduit à Paris et il devient l’élève préféré de Franz Liszt, qui se plaît à l’appeler familièrement Puzzi. Il rencontre tout un milieu mondain et artistique et se lie d’amitié avec Georges Sand. Il suit Liszt à Genève puis revient à Paris, où il mène une vie d’artiste et se livre à la passion du jeu.
Sa vie va pourtant changer du tout au tout en 1847. Un vendredi du mois de mai de cette année, il est invité à accompagner à l’orgue la bénédiction du Saint Sacrement dans l’église Sainte-Valère de Paris. Et là, il est touché par la grâce, saisi par la présence du Christ dans l’eucharistie. Sa conversion petit à petit se confirme : il assiste à d’autres bénédictions du Saint-Sacrement, participe à la messe, rencontre un prêtre, ouvre un catéchisme, puis le dimanche 8 août est bouleversé au plus profond de lui-même, au cours d’une messe, lors de l’élévation. Il demande alors le baptême, qui sera célébré le 28 août à Paris. Le 8 septembre, il fait sa première communion et le 3 décembre, il est confirmé par Mgr Affre, l’archevêque de Paris qui devait mourir sur les barricades l’année suivante.
UN RELIGIEUX AMOUREUX DE L’EUCHARISTIE
Chrétien néophyte, il fait partie d’une Conférence Saint-Vincent de Paul et entre en contact avec l’abbé de la Bouillerie, vicaire général de Paris, futur évêque de Carcassonne, puis coadjuteur à Bordeaux du cardinal Donnet. C’est un passionné de l’Eucharistie. Il fonde en 1848 l’adoration nocturne pour les hommes. Il commence alors à appliquer ses talents musicaux au service de sa foi. Il compose en particulier des poésies mariales. Le résultat est un recueil de trente-deux cantiques intitulé Gloire à Marie. Il aspire à un don total de lui-même dans la vie religieuse. Il fait une retraite chez les Carmes à Agen, puis rentrera au noviciat au monastère du Broussey. Le 6 octobre 1849, il prend l’habit religieux et choisit le nom en religion de frère Augustin-Marie du Saint Sacrement. Il se donne totalement à sa formation. Le 7 octobre 1850, il fait sa profession religieuse. Un an plus tard, il sera ordonné diacre puis prêtre. Il lui est permis de se remettre à la composition musicale et de ce travail naîtra un recueil de cantiques en l’honneur du Saint Sacrement intitulé Amour à Jésus Christ, paru au début de l’année 1851.
UN PRÉDICATEUR PASSIONNÉ ET UN FONDATEUR DE COUVENTS
Ce qui frappe chez le Père Augustin-Marie du Saint Sacrement, c’est sa flamme, son amour pour le Christ et pour l’Eucharistie. Sa prédication touche les cœurs. On se presse pour venir l’entendre. À partir de 1853, il va faire des tournées de prédication en France et à l’étranger. C’est un homme passionné qui n’hésite pas à faire appel à sa propre expérience et à évoquer sa propre conversion. Celui qui sera plus tard le bienheureux Père Lataste, assiste en 1853 à sa prédication à Pau. Il construit ou restaure des couvents à Bagnères de Bigorre, à Tarasteix, près de Lourdes, à Lyon. En 1862, il restaure l’ordre des Carmes à Londres. Encouragé par le Curé d’Ars, il fonde la confrérie de l’action de grâce, pour remercier le Seigneur de tous les dons qu’il nous fait dans son Eucharistie. Il fait de nombreuses courses apostoliques en France et en Europe (Prusse, Irlande, Rome…). À la fin de l’année 1867, il quitte Londres pour n’y plus revenir.
Le 1er novembre 1868, il est guéri miraculeusement à Lourdes d’un glaucome qui l’avait rendu presque aveugle.
En 1870, il est nommé premier définiteur de sa congrégation et maître des novices. Il se rend alors au monastère du Broussey. Mais il y résidera fort peu de temps.
UN DON DE SOI AUX AUTRES JUSQU’À LA MORT
Le 19 juillet de cette année-là, la France déclare la guerre à la Prusse. Le 4 septembre, c’est le désastre de Sedan. La situation du Père Augustin-Marie, qui est allemand, devient difficile. Il quitte la France pour la Suisse puis va en Allemagne, à Spandau, près de Berlin, pour s’occuper comme aumônier des militaires français prisonniers. Il devait donner sa vie en prenant soin des prisonniers. En soignant un malade, il contracte la petite vérole et meurt le 20 janvier 1871. Ses restes seront ramenés à Rions, puis dernièrement dans la chapelle du monastère du Broussey.
Hermann Cohen a été un vrai disciple du Christ. Depuis qu’il l’a rencontré dans l’adoration eucharistique, il a mis toute sa vie à son service pour le faire connaître et aimer. Son témoignage reste profondément actuel.
+ Jean-Pierre cardinal Ricard
Archevêque de Bordeaux
(Sources : bordeaux.catholique.fr)
Note : Notre frère Stéphane-Marie Morgain o.c.d. vient train de terminer la biographie critique d'Hermann Cohen. La sortie de cet ouvrage extrêmement documenté est annoncée pour le 12 septembre 20109