Née en 1427, Françoise d’Amboise fut élevée à la Cour de Bretagne entre le duc Jean V, grand admirateur de saint Yves et la duchesse Jeanne de France, disciple de saint Vincent Ferrier. Elle y fut mariée au second fils du Duc, Pierre, qui succédera à son frère aîné sur le trône ducal en 1450. A partir de son mariage, Françoise seconda efficacement son mari, l’empêchant notamment de céder aux seigneurs qui le poussaient à augmenter les impôts pesant sur le peuple, le secondant dans la charge du duché et lui inspirant intégralement les « Constitutions de Pierre II » dont l’article 26 instaura en particulier le premier système d’aide judiciaire, lequel fut étendu à la France par le Roi Henri II et perdura jusqu’à l’abolition des privilèges à la suite de la nuit du 4 août. Expliquant toujours que « Religion sans charité n’est que corps sans âme et fontaine sans eau », elle se distingua par l’aide qu’elle apportait aux pauvres. Les générations suivantes s’en souviendront jusqu’à chanter, lors de sa béatification en 1863 : « Ta main leur prodiguait l’aumône, ton cœur leur prodiguait l’amour ».
Statue - Cathédrale de Nantes |
Modèle d’humilité, toute tournée vers les autres, soignant les malades dont personne ne voulait s’occuper et se mortifiant en permanence, elle impressionnait aussi son entourage par son esprit d’obéissance. Communiant le plus souvent qu’elle le pouvait, se confessant au moins tous les quinze jours, sœur Françoise enseignait à tous que « le Saint-Esprit venant au monde (…), le reprend principalement de trois péchés : de négligence à obéir, de lâcheté à faire pénitence et de curiosité à remarquer les fautes d’autrui ».
Croix du Grand-Fougeray |
Élue prieure de son couvent, sœur Françoise a exercé son autorité avec autant de fermeté que de bienveillance. Elle réforma son ordre, un siècle avant sainte Thérèse d’Avila, y introduisant en particulier la communion fréquente et y imposant le vœu de perpétuelle et stricte clôture. Par ses exhortations spirituelles, elle passa beaucoup de temps à enseigner ses religieuses. Mais elle n’en oublia pas pour autant le monde, soutenant spécialement le jeune dominicain Alain de La Roche pour remettre en honneur la dévotion au Saint Rosaire.
En 1485, elle se dévoua à l’infirmerie pour soigner une religieuse incurable et à cette occasion, contracta la peste dont elle mourut le Vendredi 4 novembre à 15 heures. Sa dernière exhortation qu’elle laissa en guise de testament : « Sur toute chose, faites que Dieu soit le mieux aimé ! ». Tandis que les sœurs récitaient à ses côtés le Stabat Mater Dolorosa, elle s’endormit dans la paix du Seigneur en disant : « Adieu mes filles, je vais expérimenter à présent ce que c’est que d’aimer Dieu ».
Reliquaire - Cathédrale de Nantes |
Lors de sa béatification, le Père Hyacinthe, ocd, a insisté sur le fait que la Bienheureuse demeurait toujours pour tous les temps, un modèle de sainteté dans la famille, dans l’État et dans l’Église.
(Merci à M. François Schwerer, l'auteur de cet article.)